The Brigittines | 2015

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… En conclusion du festival, une note politique claire : les 28 et 29 Christian Ubl,, un Autrichien vivant en France propose Shake it out où 5 danseurs nous proposent un joyeux « outrage », gymnique et chorégraphique à tout sentiment d’appartenance…nationale. Un pied de nez jubilatoire à toute propagande, « une ode à la joie qui serait aussi un chant critique ».

JorgePEREZ_LookMeLuck

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…En contrepoint, Christian Ubl propose une pièce de groupe. Avec Shake It Out, il détourne la démarche autobiographique en convoquant l’Europe autour de son questionnement identitaire. Sept interprètes danseurs et musiciens dissèquent ensemble les symboles de l’Union, les figures de pouvoir et les utopies communautaires. Dans le silence, la pièce s’ouvre sur un face à face entre un interprète et le public. Dès lors, le ton est annoncé quand celui-ci mange un à un des drapeaux européens – en commençant par celui de la Grèce – avec délectation d’abord, puis jusqu’à l’écœurement. Il est rejoint par les autres interprètes qui arborent comme lui une salopette tyrolienne traditionnelle. L’individu se fond dans le groupe, la communauté se construit dans une chorégraphie qui renvoie aux marches militaires. Telle une mécanique élaborée, l’ensemble fonctionne parfaitement. La construction est millimétrée tant dans l’espace que dans le rythme. Mais cette machine n’est-elle pas vouée à l’échec ? L’uniformisation peut-elle perdurer ?

Le chaos de la deuxième partie du spectacle, en évoquant les tables rondes politiciennes grotesques et hypocrites, met à mal les notions d’entente et d’unité. Quand l’uniforme tombe, les masques également. En revenant à l’être humain, des individualités grimaçantes émergent. Pour finir, le groupe tente de se structurer à nouveau autour d’une figure mi-homme mi-totem, symbole d’un pouvoir central auquel tous peuvent enfin se référer. Du politique au festif, voire au tribal, le rituel est métamorphosé. Le folklore, ici hybride, est inspiré de danses traditionnelles de plusieurs pays. Il réunit le peuple. Aussi construite que l’unisson militaire qui a précédé, la chorégraphie frôle avec une transe qui réjouit autant qu’elle crée un malaise tant les individus semblent lutter avec leurs limites pour parvenir à rester dans le groupe. Si Christian Ubl se défend d’avoir fait une pièce politique, cette dimension est pourtant omniprésente. La chorégraphie interroge cette entité parfois abstraite à laquelle les citoyens européens sont censés appartenir…

L’ Écho